Le Moyen-Âge en livres......

Vue d'Autun


 

Christianisme et paganisme

Comment le monde romain est-il passé du paganisme au christianisme ? Cette mutation a-t-elle été aussi complète et profonde que l'a prétendu la religion victorieuse ? Pour répondre à ces questions, Ramsay MacMullen montre les oppositions qu'a soulevées le christianisme, les obstacles rencontrés par les chrétiens, leurs réactions et leurs concessions obligées. Ainsi, à partir de l'empereur Constantin (mort en 337), les chrétiens ont usé de la persécution - depuis les lois impériales jusqu'à la terreur que faisaient régner les moines dans les campagnes - pour éradiquer le paganisme et renouveler les élites, mais se sont trouvés contraints de tolérer le culte des saints et des martyrs afin de se faire plus facilement accepter des populations. Cet ouvrage fait la lumière sur un moment fondateur de la civilisation chrétienne.

Ramsay MacMullen

Professeur émérite de l'université de Yale, il est l'un des meilleurs historiens contemporains de la fin de l'empire romain. Il est également l'auteur de "Voter pour définir Dieu"; "Trois siècles de conciles (253-553)" et "Les émotions dans l'histoire ancienne et moderne".

L'avis de votre guide

Un livre passionnant qui fait connaître cette période volontairement éludée de notre histoire. Une référence qui éclaire ce culte des reliques. On y dit qu'un Dieu unique est insupportable pour la condition humaine, qu'il faut à l'homme des saints, d'autres diraient des dieux de second rang... Le christianisme a transigé avec le paganisme... Vraiment un livre passionnant.



 

La nouvelle histoire de la France médievale

Tome 1
Les Origines franques. Ve-IXe siècle
Stéphane Lebecq: Professeur d'histoire médiévale à l'université de Lille III.

Tome 2
L’Héritage des Charles. De la mort de Charlemagne aux environs de l’an mil
Laurent Theis, ancien élève de l'école normale supérieure a enseigné l'histoire médiévale en Sorbonne. Il conjugue des activités d'historiens, d'éditeur et de critique.

Tome 3
L'ordre seigneurial XIe - XIIe siècle
(...) Ordre seigneurial et non pas anarchie féodale: les XIe et XIIe siècles apparaissent sous un jour nouveau après cinquante ans de recherches inspirées par Marc Bloch (dont le grand livre date de 1939-1940) et spécialement illustrées par Georges Duby (depuis 1953). En soumettant les sources écrites à une investigation plus poussée, en joignant à leur témoignage celui d'une archéologie attentive aux traces de la vie plus qu'à l’ampleur des monuments, on a renouvelé bien des problèmes. Féodalité était, pour cette époque le mot clé de l'ancienne histoire de France: un terme repoussoir puisqu'il désignait la dispersion et la privatisation des pouvoirs, la prédominance de la force sur le droit, un terme ambigu parce que appliqué succesivement à un régime, une société, un tempérament, etc., il confondait les relations internes de la classe dominante avec l'exploitation par celle-ci des classes dominées (paysans, bourgeois) (...)
Dominique Barthélémy: Ancien élève de Georges Duby, aujourd'hui professeur à l'université de Paris-IV et directeur d'études à l'École pratique des hautes études, il a publié une série d'études sur l'an mil et la France capétienne qui font référence depuis les années 1980, notamment "Chevaliers et miracles" (Armand Colin, 2004) et "La Chevalerie" (Fayard, 2007).

Tome 4
Temps d'équilibres, temps de ruptures - XIIIe siècle
Monique Bourin-Derruau: Professeur d'histoire du moyen-âge à l'université de Paris I - Sorbonne

Tome 5
Temps de crises, temps d’espoirs. XIVe-XVe siècle
Alain Demurger: Médiéviste, maître de conférence honoraire à l'université de Paris I - Panthéon - Sorbonne, il est aussi l'auteur des Templiers (Seuil 2005)

L'avis de votre guide

Une histoire monumentale, fouillée et complète qui s'adresse aux passionnés ou aux étudiants en histoire. Une histoire qui ne retrace pas que les événements, mais en explique les causes, les faits et les conséquences. Une immersion totale.



 

La civilisation de l'Occident médieval

Traduit dans plus de vingt langues, ce livre est le bréviaire indispensable de qui veut se familiariser avec le Moyen Âge. Car, entre la légende noire d'un "âge des ténèbres" et la légende dorée d'une "belle époque" médiévale, il y a la réalité d'un monde de moines, de clercs, de guerriers, de paysans, d'artisans, de marchands ballottés entre violence et aspiration à la paix, foi et révolte, famine et expansion. Une société hantée par l''obsession de survivre et qui parvient à maîtriser l'espace et le temps, à défricher les forêts, à se rassembler autour des villages, des châteaux et des villes, à inventer la machine, l'horloge, l'université, la nation. Ce monde dur et conquérant, c'est celui de l'enfance de l'Occident, un monde de "primitifs" qui transforment la terre en gardant les yeux tournés vers le ciel, qui introduisent la raison dans un univers symbolique, équilibrent la parole et l''écrit, inventent le purgatoire entre l'enfer et le paradis.

Jacques Le Goff

Il est l'auteur d'une œuvre considérable sur le Moyen Âge. Citons notamment "Un Moyen Âge en images" (Hazan, 2007), "Héros et merveilles au Moyen Âge" (Le Seuil, 2005), "L'Europe est-elle née au Moyen Âge ?" (Le Seuil, 2003), "Saint Louis" (Gallimard, 1996).

L'avis de votre guide

Un livre de base, très complet et très documenté. Une référence qui de plus, est agréable à lire. Pour tous.



 

Histoire du christianisme

Le christianisme imprègne, avec plus ou moins d’évidence, la vie quotidienne, les valeurs, les choix esthétiques de ceux-là mêmes qui l’ignorent. Il contribue au dessin du paysage des campagnes et des villes. Il fait parfois l’actualité. Or les connaissances nécessaires à l’interprétation de cette présence s’effacent, avec rapidité. Et du même coup, l’incompréhension grandit. Admirer le Mont-Saint-Michel et les monuments de Rome, de Prague ou de Belém, se délecter de la musique de Bach ou de Messiaen, contempler les tableaux de Rembrandt, goûter certains ouvrages de Stendhal ou de Victor Hugo implique de pouvoir décrypter les références chrétiennes qui constituent la beauté de ces lieux et de ces chefs-d’œuvre. La saisie des débats les plus récents concernant la colonisation, les pratiques humanitaires, la bioéthique suppose, elle aussi, une connaissance du christianisme, des éléments fondamentaux de sa doctrine et des péripéties qui ont scandé son histoire. C’est dans cette perspective qu’une soixantaine de spécialistes ont été sollicités pour parcourir les grandes dates, les grands moments, les grandes figures du christianisme, des origines à nos jours. Destiné à un large public, cet ouvrage collectif intéressera les lecteurs chrétiens soucieux d’approfondir leur savoir et, plus encore, tous ceux qui, par simple curiosité intellectuelle ou pour mieux comprendre leur environnement et la culture de l’autre, désirent connaître l’histoire d’une religion qui, jusqu’alors, leur demeurait opaque.

Alain Corbin

Historien de renom, professeur émérite à l’université Paris I-panthéon-Sorbonne et membre de l'institut universitaire de France, Alain Corbin a dirigé plusieurs ouvrages au Seuil: "Histoire de la virilité", "1515 et les grandes dates de l'histoire de France", "Les héros de l'histoire de France", qui ont tous connu un grand succès.

L'avis de votre guide

Une histoire complète du christianisme, de la naissance de Jésus à aujourd'hui. Les dates, les événements, les enseignements, les connaissances, les implications, ... Tout y est. Une base historique.



 

La spiritualité au Moyen-Âge

On a longtemps considéré le Moyen-Âge comme l'âge d'or du christianisme. Aujourd'hui, en revanche, on assiste à une remise en question du legs religieux de cette époque et en particulier de sa spiritualité, à laquelle on reproche d'avoir trop prôné la fuite et le mépris du monde. Pour éclairer ce débat, l'auteur s'est attaché à définir le contenu de l'expérience religieuse des hommes et des femmes de ce temps. Soucieux de mettre en lumière l'impact des transformations sociales et culturelles sur les représentations du divin et les formes de vie religieuse, il a cherché à dégager les principales étapes du processus qui a fait passer la Chrétienté occidentale de la piété ritualiste et conformiste de l''époque carolingienne à une spiritualité évangélique, axée sur l'humanité de Dieu.

André Vauchez

Professeur émérite, ancien directeur de l'Ecole française de Rome, membre de l'Institut, il a dirigé au Seuil un "Dictionnaire du christianisme" (2010) et "Prophètes et prophétisme" (2012).

L'avis de votre guide

Un livre de base qui permet de comprendre que la spiritualité chrétienne n''est pas monolithique au Moyen-Âge, mais qu'elle évolue, qu'elle s'humanise. Tous les problèmes connexes sont traités: charité, hôpitaux et hospices, croisade, évolution de L’Église, du mouvement monastique... etc... Un livre passionnant..



 

Richesse franciscaine

Adeptes d'une pauvreté rigoureuse et évangélique, les franciscains sont paradoxalement amenés, du fait précisément de ce choix " scandaleux ", à examiner toutes les formes de la vie économique qui se tiennent entre la pauvreté extrême et la richesse excessive en posant la distinction entre propriété, possession temporaire et usage des biens économiques. Selon quelles modalités les chrétiens doivent-ils s'approprier l'usage des biens terrestres ? Pour répondre à cette question, les franciscains furent nombreux, depuis le treizième siècle, à écrire sur la circulation de l'argent, la formation des prix, le contrat et les règles du marché. Dans ce cadre, la figure du marchand actif, qui sait faire fructifier par son travail et son commerce un capital - en soi dépourvu de valeur - s'affirme positivement dans la mesure où elle contribue à la croissance d''un " bonheur citadin ". A l'opposé, la figure du propriétaire foncier, du châtelain, de l'aristocrate qui conserve pour lui-même, thésaurise et ne multiplie pas la richesse apparaît comme stérile et sous un jour négatif. La réflexion franciscaine est donc à l'origine, avant même l'éthique protestante étudiée par Max Weber, d'une grande partie de la théorie économique européenne et, en particulier, de l'économie politique qui considère que les richesses de ceux qui forment la communauté civile sont une prémisse fondamentale du bien-être collectif.

Giacomo Todeschini

Né à Milan en 1950, après des études à Bologne, il devient professeur à l'université de Trieste.

L'avis de votre guide

Un livre très intéressant sur le rapport entre l'argent et le chrétien. La différence qui y est faite entre l'argent que l'on fait travailler pour le bonheur de la société et celui qui est amassé pour le profit d'un seul y est très bien expliquée et théorisée. Un livre instructif qui met le doigt sur des notions complexes aux multiples facettes qui ont amené tant de contradictions et de confusions dans les ordres monastiques et plus généralement dans L’Église. Un livre qui reste cependant technique et parfois difficile.



 

Les Primitifs flamands

"L'oeil de Van Eyck se mouvait en face d'un monde au repos." Tel est le regard visionnaire, révolutionnaire au XVe siecle, de ces pionniers, dont l'art tout entier est conflit entre l'ancien et le moderne. (Max Friedländer)
Sous la direction de Brigitte de Patoul et de Roger Van Schoutte. Avec la collaboration de près de trente auteurs, spécialistes reconnus, en provenance du monde entier, qui ont associé leur savoir sur cette période phare de l'art occidental.
Chacun des quelques soixante Primitifs flamands - du maître de Flémalle à Jérôme Bosch - nous livre ici sa personnalité, son inspiration et son génie. L'ouvrage dresse également un tableau du contexte historique et culturel de cette période. La très importante iconographie en couleur de l'ouvrage révèle la fabuleuse richesse de cet âge d'or de la peinture. Car, au-delà de leur rayonnement dans toute l'Europe du XVe siècle, les Primitifs flamands n'ont cessé d'exercer une force d'attraction sans égale..

L'avis de votre guide

Un livre fabuleux qui vous dit tout sur les Primitifs flamands. Un livre qui, bien qu'ayant vu et lu de nombreuses choses sur les Primitifs flamands m'en a appris énormément. S'il ne fallait lire qu'un livre sur ce sujet, c'est sans nul doute celui-là. la vision de l'époque, les sens cachés des choses pour un homme du XXème siècle, les techniques, les illustrations nombreuses et de qualité... etc...



 

La maison Dieu

"Dieu, cela n'est pas, tant que cela n'est pas en pierre. il faut une maison pour mettre la prière": Victor Hugo a noté l'évolution paradoxale qui amène le christianisme occidental à exalter les monuments de la présence divine, alors que le Christ et ses premiers disciples entendaient rompre avec le monde matériel pour mieux faire sa place à la cité spirituelle de Dieu dans l'au-delà. Comment, pourquoi et quand Dieu est-il devenu de pierre ?  Comment, pourquoi et quand l'église s'est-elle imposée dans le paysage social ? Telles sont les questions au centre de cet ouvrage qui montre comment L’Église, force d''encadrement et de structuration de la société, a gagné en visibilité terrestre à travers la constitution de "lieux" spécifiques. Traversant tout le moyen-âge, il retrace une histoire qui finit par faire de la cathédrale le monument emblématique d'une société largement utopique au sein de laquelle chaque homme a sa place et sa fonction dans la grande architecture du monde. C'est ainsi que la "Maison Dieu" fait de L’Église une véritable "cène sociale" où se construit l'architecture communautaire et où s'édifient les fidèles.

Dominique Iogna-Prat

Directeur de recherches au CNRS, médiéviste, il est notamment l'auteur de "Ordonner et exclure", "Cluny et la société chrétienne face à l'hérésie, au judaïsme et à l'islam (1100 - 1150)"

L'avis de votre guide

Livre d'universitaire qui complète bien la connaissance du monde médiéval, mais un livre parfois difficile pour celui qui n’est pas passionné par le sujet.



 

Le royaume inachevé

Le 25 janvier 1474, Charles le Téméraire, dernier des ducs Valois de Bourgogne, revêtu d'or et de pierreries, portant un couvre-chef similaire à une couronne fermée, s'adresse à son peuple en évoquant de manière sibylline ses rêves de grandeur et sa volonté d'élever ses territoires en royaume. La Grande Principauté de Bourgogne qui, du milieu du XIVe à la fin du XVe siècle, s'est progressivement étirée des brumes de la Zélande aux vignes du Mâconnais, offre un laboratoire d'analyse politique exceptionnel permettant de disséquer la nature du pouvoir à la fin du Moyen Âge.
Préférant le feuilletage à la narration linéaire des faits, Élodie Lecuppre-Desjardin propose ici une relecture ample et originale de cette aventure politique qui fit des ducs de Bourgogne l es princes les plus puissants de leur temps, avant que la débâcle nancéenne n'arrête brutalement les ambitions du Téméraire. Cet ouvrage saisit les forces motrices d'une société composite et fait l'histoire non pas d'une perfection croissante, mais des cheminements qui peuvent mener à la construction d'un Bien Commun.
Dans cette œuvre magistrale, Élodie Lecuppre-Desjardin nous entraîne au cœur d'un univers médiéval passionnant où se pose avec une étonnante actualité la question du sens des communautés, de la nature des loyautés et de la reconnaissance d'une autorité suprême.

Elodie Lecuppre-desjardin

Professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lille 3. Spécialiste de l'histoire politique et culturelle bourguignonne, elle est également connue pour ses travaux sur l'histoire des villes des anciens Pays-Bas. Elle est notamment l'auteur de La ville des cérémonies. Essai sur la communication politique dans les anciens Pays-Bas Bourguignons (2004).

L'avis de votre guide

Comme tout grand nostalgique de la grande Bourgogne, après avoir lu un grand nombre de livres sur nos ducs et l'histoire du duché, il restait une question en suspens: Pourquoi cette fin ?
Ce livre nous l'explique. Il nous montre quelles étaient les orientations politiques de ces ducs et celles qu'ils entendaient donner à leurs territoires. Il nous passe en revue les différents facteurs qui vont jouer en défaveur de cette principauté. La personnalité de Charles aura des conséquences irréversibles vers cette fin tragique, mais la difficulté à trouver un motif fédérateur qui caractérise cette trop jeune principauté sera aussi lourde de conséquence.
Une analyse complète de la situation, un état des lieux très intéressant qui parle enfin de ce que l'on sait inconsciemment après de nombreuses lectures, mais que l'on se refuse à admettre. La course en avant de Charles ne permettra pas à cet ensemble disparate de se construire politiquement dans le temps et l'inadaptation chronique de la pensée ducale aux contraintes politiques, économiques et sociales sera fatale à cette nouvelle Lotharingie.
Un gâchis ou un rêve impossible ? ... à chacun de se faire son avis après avoir lu de ce très bon livre.



 

Art et société au Moyen-Âge

Au cours des dix siècles dont il est question dans ce livre, l’Europe a pris forme. Elle s’est fortifiée et enrichie, permettant l’épanouissement d’un art européen. Nous admirons ce qu’il en reste, sans toutefois considérer ces formes du même regard que ceux qui les virent les premiers. Pour nous, ce sont des œuvres d’art, et nous n’en attendons qu’une délectation esthétique. Pour eux, ces monuments, ces objets, ces images servaient. Dans une société hiérarchisée, qui attribuait à l’invisible davantage de puissance qu’au visible, ils remplissaient trois fonctions principales : offrandes à Dieu, communication avec l’autre monde et affirmation de puissance.
L’auteur met en parallèle l’évolution des formes artistiques et les structures matérielles et culturelles de la société.

Georges Duby (1919-1996)

Professeur au Collège de France et membre de l’Académie française, il fut l’un des plus grands médiévistes français. Il a consacré une grande partie de ses travaux aux rapports entre l’art et la société.

L'avis de votre guide

Un petit livre d'une centaine de pages qui nous présente les différentes formes que l'art va revêtir au cours des 10 siècles que recouvre le Moyen-Âge. Il reprend de manière chronologique les différentes influences qui, en fonction des périodes, donneront à l'art ses différents visages. Un art influencé par les peuples qui en sont porteurs, leur pensée religieuse, leur approche du monde visible et invisible, leur niveau de raffinement, leur richesse, etc...
Ce livre montre bien l'importance de la religion chrétienne à cette époque dans ce domaine et les différentes formes prises par l'art en fonction de l'évolution de la spiritualité entre le Xe et le XIIIe siècle.
Un ouvrage qui nous montre que l'art est bien le reflet d'une époque et d'une pensée et non un absolu d'esthétique.



 

L'iconographie médiévale

L'image médiévale n'est pas, comme le veut l'idée commune, la «Bible des illettrés»! Critiquant les œuvres fondatrices d'Émile Mâle et d'Erwin Panofsky, Jérôme Baschet reconsidère le concept d'iconographie : il écarte toute dissociation entre le fond et la forme et prône la plus extrême attention aux procédés plastiques par lesquels la pensée figurative dote de sens les images. À l'heure où l'usage des bases de données en ligne est en passe de modifier notre rapport aux œuvres, le rappel de leur matérialité est loin d'être inutile car les images médiévales ne peuvent être analysées sans prendre en compte la fonction des objets dont elles sont le décor et les usages sociaux auxquels ceux-ci sont associés. L'ouvrage permet d'aborder les œuvres visuelles de l'Occident médiéval à travers des exemples méconnus – reliefs romans de Souillac, abbaye de Saint-Savin ou portail de Bourg-Argental –, de comprendre la «cohérence» d'une œuvre, d'analyser la structure d'ensemble indispensable pour une iconographie renouvelée. Loin des caractères stéréotypés que l'on prêtait à l'art médiéval, il fait enfin apparaître une extraordinaire inventivité des images.

Jérôme Baschet

Maître de conférences à l'école des hautes études en sciences sociales; il appartient au groupe d'antropologie historique de l'Occident médiéval. Il enseigne également à l'Universidad Autonoma de Chiapas, à San Cristobal de Las Casas au Mexique.

L'avis de votre guide

Un livre très intéressant qui replace bien toute image dans son contexte, temporel, sociétal, religieux ou autre. L'auteur analyse très finement le lieu et le positionnement exact où elle a été placée et la signification que cela peut revêtir. Il attire l'attention sur le fait que les images placées à côté d'elle vont influer aussi sur le sens à leur donner. Enfin une multitude de petits détails auxquels on ne fait pas attention, mais qui permettent de mieux comprendre la cohérence d'un lieu et la profondeur de la pensée qui se trouve derrière certaines images.



 

L'iconographie médiévale

Dès les premiers siècles, les chrétiens ont cru confusément en la possibilité de racheter certains péchés après la mort. Mais dans le système dualiste de l'au-delà, entre Enfer et Paradis, il n'y avait pas de lieu pour l'accomplissement des peines purgatoires. Il fallut attendre la fin du XIIe siècle pour qu'apparaisse le mot Purgatoire, pour que le Purgatoire devienne un troisième lieu de l'au-delà dans une nouvelle géographie de l'autre monde. Le Purgatoire s'inscrit dans une révolution mentale et sociale qui remplace les systèmes dualistes par des systèmes faisant intervenir la notion d'intermédiaire et qui arithmétisent la vie spirituelle. Ce Purgatoire, c'est aussi le triomphe du jugement individuel au sein des nouvelles relations entre les vivants et les morts. Cette enquête suit les avatars de la naissance du Purgatoire de l'Antiquité à La Divine Comédie de Dante. Cette naissance est un des grands épisodes de l'histoire spirituelle et sociale de l'Occident.

Jacques Le Goff

Historien français spécialiste de l'époque médiévale, il est l'auteur d'une œuvre considérable sur le Moyen Âge. Citons notamment "Un Moyen Âge en images" (Hazan, 2007), "Héros et merveilles au Moyen Âge" (Le Seuil, 2005), "L'Europe est-elle née au Moyen Âge ?" (Le Seuil, 2003), "Saint Louis" (Gallimard, 1996).

L'avis de votre guide

Livre de spécialiste de la pensée religieuse au Moyen-Âge où de longs passages sont fastidieux pour un non spécialiste. Mais après une deuxième lecture des passages surlignés à la première lecture, on voit tout l'intérêt du livre et tout ce qui accompagne dans la société du XII et XIIIème siècle la naissance de ce purgatoire et toutes les conséquences sur la pensée chrétienne qui vont en découler.